Jacques et Catherine Jamain

ancêtre des familles

Duret, Durette et Durett

Page couverture  du journal de la mairie
Vue de l'Église et le Champ de Foire.
L'ÉTABLISSEMENT

LEUR MARIAGE

LEURS ENFANTS
TRAVAIL

HOSPITALISATION

DEVANT LA JUSTICE
LE BILAN

L'UN VERS L'EST, L'AUTRE L'OUEST
 Source: Extrait de la page couverture du bulletin communal de Bournezeau      Page d'accueil


LES PREMIÈRES TRACES

C'est en 1668, que nous trouvons la première trace de Jacques Duret dans les documents de la Nouvelle France. Le 15 octobre, il est témoin du mariage entre Jean Langlois et Madeleine Gomon. Le 6 novembre à l'église Notre-Dame de Québec, Jacques est aussi au mariage d'Étienne Pasquier*(1) et Henriette Rousseau. Etienne était un soldat de Carigna, compagnie La Motte et Henriette était une fille du Roi. Un an plus tard, dans le même registre, il est témoin, le 30 octobre 1669, du mariage de Gabriel Roger* et de Marie de Lacour (fille du Roi).

C'est en 1671, qu'apparaît le premier document des plus révélateur sur l'ancêtre. C'est un contrat d'engagement entre Jacques Duret et René Renault. Dans ce document, Jacques est dit "...âgé de 12 ans ou environ..." et le nommé Renault "...doit lui apprendre le métier de charpentier aussitôt que le dit Duret en aura la force et le nourrir, le loger, lui fournir les outils pour apprendre le dit métier de charpentier...". (2) À cette époque pratiquement tous les jeunes adolescents partaient de la maison pour apprendre un métier. Les apprentis demeuraient généralement sous le toit de son maître et cela pour une période de 4 à 5 ans. (3)

René Renault est l'époux de Marie Vigny (Vignier)* cousine germaine du dit Duret. (4) Ce qui me fait croire que Jacques, orphelin de père, a pu faire la traversée durant la saison de navigation de 1667. A-t-il fait la traversée avec Gabrielle Rousty sa grand-mère et Anne Renault sa tante maternelle et femme de Samuel Vigny?(5) Elles sont toutes deux citées, en décembre 1667, dans le contrat de mariage de René Renault et Marie Vigny.(6)

M. Gonzague Gagnon, dans un article paru dans l'Estuaire généalogique, le fait traverser comme soldat. Voici l'interprétation qu'il en fait: "...C'est qu'à cette époque un enfant de 12 ans était traité comme un adulte et il pouvait même servir de soldat. En avril 1667, le roi promet d'envoyer 400 bons hommes à l'intendant Talon. L'intendant lui répond le 26 août qu'il n'en a reçu que "cent vingt-sept, très faibles, de bas âge et peu de service. "Est-ce que Jacques faisait partie de ce groupe? C'est possible...". (7)

Jacques est-il embarqué avec des parents? ou en tant que soldat? Peut-être que les deux interprétations ne vont pas l'une sans l'autre!

Dans le recensement de 1681, (8) fait par Benjamin Sulte, Jacques qui à environ 20 ans, y est recensé comme domestique dans la famille de Jean Juchereau Sieur de la Ferté, habitant la basse ville de Québec. Le Sieur Juchereau était l'époux de Marie-Françoise Giffard, fille de Robert grand recruteur pour la Nouvelle-France. Les terres de la Seigneurie de St-Ignace et St-Gabriel avaient été attribuées à Robert Giffard, le 15 mai 1647 et a l'automne il fera don de la seigneurie St-Ignace aux Hospitaliers de L'Hôtel-Dieu. Plus tard, Robert Giffard fera don en 1667 de la seigneurie de St-Gabriel aux Jésuites. (9)

Un an plus tard, en 1682, Jacques n'est plus au service de la famille Juchereau. Il s'engage de nouveau, mais cette fois au Sieur Samuel Vigner, Bourgeois de cette ville. Samuel Vigner est marié à Anne Regnault "...tante maternelle du dit Duret...". (10) Le nouvel engagement nous indique que Jacques est "...garçon de la Petite-Rivière..." (11) (nom de la rivière St-Charles à Québec). Jacques "...s'engage de labourer, cultiver, semer, bûcher et abattre du bois de telle façon pour le prix et dite somme de 50 livres...". (12)

L'ÉTABLISSEMENT retour

Carte seigneurie

En 1685, nous retrouvons le nom Duret sur le plan cadastral de la seigneurie de St-Gabriel. (13) Sur le plan, Jacques est situé entre un nommé Pinquet à l'ouest et L'Épine à l'est. C'est probablement la terre qu'il s'engage à cultiver en 1682 et que l'achat de son oncle René Arnault (Renault) ne se fera qu'en 1694 devant le notaire. (14)

Nous le retrouvons aussi J. Duret sur la carte dressé par du Sieur De Catalogne en 1709. Sur la terre de la Seigneurie St-Gabriel, J. Duret est entre "les Pinquest" (à l'ouest) et "le g. Lépine" (à l'est) et quelques arpents plus à l'est dans la Seigneurie de St-Ignace, Jacques est entre "J. César (Fleury) (à l'ouest) et J. Masi (Massy) (à l'est).
Vous pouvez vous procurer la carte de Catalogne chez L'Éditeur officiel du Québec - 1976.


Carte des terres

LE MARIAGE DE JACQUES ET CATHERINE

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En 1687, Jacques est au pays depuis plus de 19 ans. Il est âgé d'environ 29 ans et toujours célibataire. Courtise-t-il, depuis longtemps, une jeune fille de la Petite-Rivière qui a tout juste 14 ans? C'est peut-être à la recherche d'une vie plus stable. Il ne faut pas oublier que l'édit royal de 1670 sur le mariage était sévère pour les célibataires. (15) Le Conseil souverain les incitaient à prendre épouse.

Le 10 février 1687, Jacques se marie à Catherine Jamain, fille de Jullien et de Marie Repoche, habitants de la Petite-Rivière St-Charles. Catherine est née à Québec, le 19 août 1672. Son père Julien est dit tailleur d'habits au recensement de 1681. Le mariage a lieu à l'église Notre-Dame de Québec, devant Henri de Bernières grand vicaire.
EXTRAIT DU REGISTRE DE NOTRE-DAME DE QUÉBEC

Le contrat de mariage a été rédigé quelques jours plus tôt. L'avant-midi du 27 janvier 1687, dans la demeure de Samuel Vignier, un petit groupe de parent et d'ami du futur couple sont réunis pour le contrat. Au moment du contrat de mariage, Catherine apporte comme dot "l'acquisition d'une habitation sys sur la dite Petite-Rivière, seigneurie de St-Ignace joignant du dit coste est René Hubert habitant et de l'autre la terre appartenant à Estienne Pasquier* (celui même que Jacques était le témoin du mariage, 19 ans plutôt) contenant 2 arpents de terre de front sur 37 arpents et demi de profondeur sur laquelle il y a maison".

Le couple Duret-Jamain s'établit sur la propriété des parents de Catherine. Ils y élèveront leurs enfants puisque c'est cette propriété qui est décrite dans l'inventaire de 1725. En 1687, la terre est "...de 3 arpents de dessus tasse à la charrue qu'à la pioche et le reste en bois...". (16) La rente annuelle du couple est de 3 livres, 2 chapons et un cens de 2 sols aux Dames religieuses Hospitalières. L'habitation est estimée à la somme de cent livres. Tant qu'à Jacques, il apporte un douaire de 300 livres. Vous pouvez lire le contrat de mariage dans l'article de M. Gagnon dans L'Estuaire.

HOSPITALISATION ET ACHAT retour

Notre couple devra attendre près de deux ans avant de voir naître leur premier enfant. Un mois après le décès de leur fils Claude, Jacques fut hospitalisé et on en fait mention, de juillet à septembre 1691, à plusieurs reprises dans le registre de l'hôtel Dieu de Québec. (17) Je n'ai aucun détail sur les motifs de l'hospitalisation.

Jacques se présente, dans l'après-midi du 24 août 1694, à l'étude du notaire Chambarlon pour faire l'achat de la terre de son oncle René dans la seigneurie de St-Gabriel. (18) Le contrat nous confirme que Jacques est déjà propriétaire d'une habitation à la Petite-Rivière St-Charles qu'il reçu par hoir. La nouvelle habitation est situé à une trentaine (30) d'arpents à l'ouest de la leur. Il a comme voisin Jean Michel* du côté ouest et Adrien Legris dit Lépine du côté est. La rente est de 3 livres 2 chapons et quelques sols de cens à payer aux Jésuites. Le document est très difficile à lire. Ce que j'en tire, c'est que l'achat est pour la somme de 25 livres de rente annuelle à payer en argent débutant le 5 avril. Son beau-père Julien ainsi qu'un nommé Nicolas Quillard étaient présents et se déclarent tous deux habitants du bourg de Québec.

TRAVAIL ET HONNÊTETÉ retour

Un autre contrat est passé dans l'après-midi, du 28 avril 1697 à l'étude du notaire Genaple. Cette fois, un marché est fait entre le sieur Jean Minet* et Charles (Jacques) Duret. Le sieur Minet "...s'engage à labourer et semer dans la première semaine de mai des plants de pois devant la maison de Jacques ainsi qu'à l'arrière à partir de la soue à cochon pour environ 3 arpents et demi...". (19) Jacques s'oblige tant qu'à lui, "...à abattre du bois, brûler, nettoyer et ébrancher et faire à la charrue cinq arpents de terre. Il devra arracher les souches, framboises et remplir les trous...". Suite à cette entente et de l'engagement passé en 1682, j'ai comme l'impression que Jacques n'a plus la chétivité de ses 12 ans.

Il devait y avoir une très bonne entente entre les familles Minet et Duret. Puisque, le 6 février 1707, sa voisine Perrine Pagnou(x)* lui fait confiance avec Jean Boutin de la Petite-Rivière St-Charles. Tous deux sont témoins dans le procès-verbal de l'estimation des terres et habitations de la communauté de feu Jean Minet. (20)

Le 12 février 1701, un autre marché est passé entre Jacques et le Sr Ray Gaillard, commissaire d'artillerie, afin "...de livrer au plus tard l'hiver prochain au commencement des neiges 148 bottes de foin à raison de 15 livres les 100 bottes...". (21) Total de la transaction: 22 livres 4 sols.

DEVANT LA JUSTICE retour

Jacques a même du recourir à la justice dans un litige avec un voisin. Le 5 juillet 1716, Jacques porta plainte de vol devant le conseil souverain, l'autorité judiciaire de l'époque. Le litige est entre lui et Jacques Massye, navigateur. (22) Massye son voisin, aurait volé des planches. Au mois d'octobre, le litige a été réglé en faveur de Jacques Duret puisque le dit Massye est condamné à rembourser les planches volées sur la grange du dit Duret.

LE BILAN D'UNE VIE retour

Jacques décède dans sa demeure, le 29 août 1723, à l'âge de 65 ans. (23) Il laisse derrière lui une vie de dur labeur. En 36 ans de vie commune avec Catherine Jamain, naîtront 15 enfants (Hyperlien informations sur les enfants) . Comme pour la majorité des familles de l'époque plusieurs enfants décèdent en bas âge (1 fille et 6 garçons), ajoutant aux épreuves.


Grange du XVII siècle L'inventaire a été faite le 7 juin 1725, (24) soit 2 ans après son décès, nous y découvrons la liste des avoirs du couple. Si on compare l'inventaire avec leur contrat de mariage, ils ont défrichés sur la terre de St-Gabriel environ 17 arpents.

Ils y cultivaient blé, avoine, pois, lin et foin. Ils ont construits une grange de pieux debout de 30 pieds sur 20 au toit de paille, une étable de pièces sur pièces de 20 pieds sur 16 qui ne sont pas sur leur contrat de mariage.

Modèles de granges du régime français (ci-dessus). Selon Robert-Lionel Séguin  

Si on se guide sur la coutume de l'époque, Charles a probablement repris la ferme et s'est occupé de sa mère, de son frère et de ses soeurs mineures. Les familles comptaient sur les bras de plusieurs fils pour la main-d'oeuvre et la relève. Comme Catherine n'avait que deux fils, elle a probablement beaucoup compté sur Charles l'aîné des fils, âgé de 23 ans, au décès de son père. Jean-Baptiste, le cadet, n'était âgé que de 8 ans.

CONCLUSION
Ce cours texte nous a fait découvrir un peu plus la vie de Jacques Duret et de Catherine Jamain. Je souhaite vous avoir donné l'envie d'apprendre un peu plus sur nos origines. Ce site internet à pour unique but de garder la petite histoire de la famille accessible à leurs descendants.

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1. l'astérix * inquique (originaire du Poitou)
2. greffe Pierre Duquet, engagement, 5 juillet 1671
3. La Presse, sep-oct 97
4. greffe Genaple, c/m, 27 jan 1687
5. greffe Pierre Duquet, c/m, 05 déc 1667
6. Ibid
7. L'Estuaire Généalogique, 13 ème année, n. 52 p. 78-85 "Généalogie de Marie Duret épouse de Cléophas Gagnon de Paspébiac"
8. Histoires des Canadiens-Français, recensement 1681, Vol V, p. 55
9. Le terrier du St-Laurent en 1663, Ed. Univ. d'Ottawa, 1973, par Marcel Trudel
10. Ibid
11. greffe Gilles Rageot, engagement, 24 mai 1682
12. greffe Genaple, c/m, 27 jan 1687
13. plan cadastral de 1685, déposé au archive du Canada
14. greffe Chambarlon, achat, 24 août 1694
15. revue Nos Racines, vol. 1, chapitre 10, p.192
16. greffe François Genaple, c/n, 27 janvier 1687
17. Rép. des Actes et Bapt., mariage et sépulture des registre du Qc ancien, Univ. de Montréal
18. greffe Chambarlon, vente, 24 août 1694
19. greffe François Genaple, marché, 28 avril 1697
20. ANQ, Répertoire Chambalon, vol. II p.200 (XIX)
21. greffe Chambalon, marché, 12 février 1701
22. Jugements et Délibération du conseil souverain de la Nouvelle-France, Tome VI, p. 1200
23. greffe Rageot, Inventaire, 07 juin 1725
24. Ibid


© Tous droits réservés 1999, Marc Durette, Matane (Québec)